C’est ce mercredi 4 juin, à 14 heures, que sera définitivement scellé devant le Conseil d’Etat le devenir du Bois des Loges.
La plus haute autorité judiciaire administrative examinera, en effet, successivement les trois requêtes de la commune de Fresnières, du Pays des Sources et du Syndicat mixte de la vallée de l’Oise contre la société Valnor, filiale du groupe Véolia, qui veut transformer ce lieu historique, où repose encore les restes de soldats de la Première guerre mondiale, en décharge d’ordures ménagères et de déchets industriels banals.
Le 17 novembre 2004, le Préfet de la Somme avait autorisé ce funeste projet. Le Tribunal administratif d’Amiens avait cassé l’arrêté du Préfet, le 18 octobre 2005. Le jugement avait été annulé par la Cour administrative d’appel de Douai, le 30 novembre 2006. La décision définitive reviendra mercredi au Conseil d’Etat.
Je regrette très sincèrement que la justice rende son jugement définitif sans que soit connue la réponse à la question que je posais, en novembre dernier, dans ce blog, à savoir : y a-t-il des habitats de pique-prunes dans le Bois des loges ?
Le Pique-prune est un petit scarabée en voie de disparition. Il a déjà totalement disparu de Belgique et de Hollande, et bien qu’il pullulait en France dans les années 60, il devient rare sur notre territoire. Si rien n’est fait, on ne le trouvera plus en Europe d’ici quelques décennies.
Protégé par la Convention de Berne de 1979, par la Directive européenne « Habitats » de 1992, par la loi de 1976 relative à la protection de la nature et par un arrêté ministériel en date du 22 juillet 1993, le pique-prune est intouchable de même que ses habitats.
Or, il se trouve que Jean-Michel Chérault, habitant de Fresnières, a trouvé le 15 novembre dernier un habitat de pique-prunes dans le houppier d’un chêne, abattu dans le Bois des loges au lieu-dit le Bois Papelle.
J’avais, bien sûr, immédiatement saisi à l’époque les pouvoirs publics en leur demandant de prendre toutes les mesures conservatoires. Après plusieurs semaines de réflexion, le Préfet de la Somme m’avait finalement répondu que les larves trouvées n’étaient pas celle de pique-prunes mais d’un insecte proche.
Le grand spécialiste français des pique-prunes, que nous avons consulté de notre côté, est moins catégorique. Il estime qu’il faut attendre juillet et l’éclosion des larves pour se prononcer. Un certain nombre de larves ont, bien sûr, été conservées par nos soins. Nous saurons d’ici un mois si le pique-prune est ou non présent au Bois des Loges. Le Conseil d’Etat aura rendu ses jugements, mais, même s’ils nous sont défavorables, le combat ne sera peut-être pas fini...