Caroline Cayeux, Maire de Beauvais et Sénatrice, vient de m’envoyer la lettre suivante suite à l’article publié sur ce blog et concernant le projet de nouvelle ligne TGV Paris-Londres :
« Cher François-Michel,
« Notre mobilisation est bien loin de se donner pour ambition de diviser les territoires, l’action que j’ai initiée en partenariat avec le monde économique via la Chambre de Commerce et d’Industrie de l’Oise a vocation à soutenir le choix d’Amiens plutôt que celui de Rouen dans la définition d’un tracé pour la ligne à Grand Vitesse destinée à rapprocher Paris de Londres.
« Le positionnement du conseil d’administration de RFF le 5 avril dernier, qui a validé le principe de la création d’un « hub » pour le nord-ouest parisien nous autorise à envisager la possibilité d’un tracé qui s’affranchirait d’une liaison obligatoire par Roissy. Un tracé qui donnerait à la Picardie une desserte ferroviaire à la fois à Beauvais et à Amiens n’est pas illusoire mais obéit bien à une logique d’aménagement équilibré et raisonné du territoire.
« De fait, la faible distance qui sépare deux gares TGV n’est pas un facteur invalidant comme vient d’ailleurs de le démontrer, le 8 octobre dernier, la position du comité de pilotage pour la ligne à grande vitesse entre Montpellier et Perpignan qui a pris acte du principe de la création de deux gares TGV à Narbonne et à Béziers ces villes n’étant éloignées que de 30 kms !
« Choisir un tracé par Amiens passant par Beauvais ne permet pas seulement de gagner quelques minutes entre Paris et Londres. En privilégiant un tracé au travers de la Picardie qui pourrait enfin apporter une liaison ferroviaire entre Beauvais et Amiens, le projet de tracé proposé obéit aux grandes orientations européennes et à l’article 12 de la loi de programmation portant mise en œuvre du Grenelle de l’environnement du 3 août 2009 qui encouragent la connexion des grandes plates-formes aéroportuaires avec le réseau de lignes à grande vitesse. Beauvais est la seule ville capable de devenir, grâce à l’aéroport de Beauvais-Tillé qui est le 9ème aéroport français, un pôle multimodal réunissant la route, le rail et l’air de dimension européenne.
« Je ne pense pas que le département de l’Oise et la région Picardie puissent faire l’économie de ce combat en faveur d’une liaison qui participerait de l’affirmation de notre positionnement au cœur de l’Europe et qui renforcerait par ailleurs le maillage ferroviaire picard. Pas plus, et je partage ici votre analyse, qu’ils ne peuvent « serrer les rangs » pour tenter de sauver le canal Seine Nord.
« J’ai toujours soutenu et défendu le canal Seine-Nord en ma qualité de chef de file des groupes Aimer la Picardie puis Envie de Picardie à la Région. J’ai voté motion sur motion pour défendre ce projet essentiel. Tout récemment encore, le 21 septembre dernier, j’ai pu aux cotés de plusieurs parlementaires du Nord, interpeller personnellement le Premier Ministre pour lui redire toute l’importance de ce projet vital pour notre territoire et lui demander d’agir.
« Le canal Seine Nord et la ligne à grande vitesse reliant Paris à Londres sont deux projets structurants fondamentaux pour le développement de la Picardie et de notre pays. Il n’y a pas lieu de les opposer, de soutenir l’un plutôt que l’autre. Je pense qu’il est de ma responsabilité d’élue que de les défendre avec la même force et la même détermination. Des projets d’une telle envergure sont porteurs d’enjeux qui dépassent très largement les clivages et les ambitions politiciennes que vous me prêtez.
« Beauvais, loin de « déclarer la guerre à Amiens » se mobilise pour que les deux bassins d’emplois puissent se développer de manière complémentaire.
« C’est bien par la complémentarité de leurs atouts respectifs que les deux villes s’imposeront comme des partenaires indissociables pour la définition de ce tracé pour la future ligne à grande vitesse reliant Paris à Londres via Beauvais et Amiens. Et à l’heure où l’on recherche l’économie et la rationalisation des dépenses publiques, permets-moi de te dire que je ne pense pas que le projet alternatif que je défends soit une chimère, bien au contraire.
« Je laisse à ton appréciation acerbe la détermination de l’opportunité de ce combat, mais crois bien que je reste déterminée à défendre ce projet essentiel pour l’avenir de l’Oise, de la Picardie et de leurs habitants ».